L'ère Trump dépasse les frontières de la politique, avec un impact culturel qui se fait également sentir dans le domaine de la mode. Des costumes bleus surdimensionnés aux tenues audacieuses et ultra-masculines des alliés technologiques de Trump, chaque choix vestimentaire semble porter un message fort plutôt qu'une simple déclaration de style.
Alors que le second mandat du président s’étend, les codes vestimentaires se transforment, reflétant des nouveaux idéaux de pouvoir, de richesse et d’influence. L’émergence d’un mouvement de mode inspiré par cette présidence singulière pourrait-elle être en marche ? Découvrez comment le style devient un élément central de l'héritage de Trump.
La mode dépasse largement les défilés de haute couture et l'influence des réseaux sociaux. Elle constitue une force puissante capable de véhiculer des messages, de façonner l’histoire et de représenter des mouvements sociaux. Pensez à l'impact du punk, du mouvement Black Power ou des hippies : la mode a joué un rôle clé dans chacun de ces mouvements.
Comme le souligne Andrew Bolton, conservateur du Costume Institute au Metropolitan Museum of Art, la mode reflète notre époque et est donc par nature politique : "La mode agit comme un miroir de notre époque, elle est donc intrinsèquement politique".
Les historiens et les chercheurs s'accordent à dire que la mode n'a jamais été politiquement neutre. Elle a toujours été utilisée pour attirer l'attention, que ce soit à travers l'esthétique ou par des messages politiques.
La politique ne fait pas exception à cette règle. Tout comme les campagnes sont soigneusement stratégiques pour cibler des électeurs précis et les discours sont élaborés et répétés avec attention, les tenues des hommes politiques suivent également une approche réfléchie.
Les hommes politiques, avec leurs idéologies et leurs responsabilités, soignent minutieusement leur image publique, et leurs choix vestimentaires y contribuent de manière importante. Des dirigeants mondiaux aux représentants locaux, des styles spécifiques émergent, chacun visant à attirer un groupe particulier de la population.
Ce n'est pas seulement une question de mode, mais aussi de transmission d'un message. Par exemple, le Premier ministre canadien Justin Trudeau opte fréquemment pour des vêtements plus décontractés, ce qui reflète son attrait auprès d'une population plus jeune et libérale.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky porte fréquemment des t-shirts, des sweats à capuche, des bottes de combat et des couleurs sombres comme le noir ou le vert militaire, un contraste marqué avec les costumes sur mesure habituellement portés par les hommes politiques. Sa tenue décontractée reflète une image authentique, particulièrement pertinente dans le contexte de la crise actuelle.
L'ancienne vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, arborait fréquemment des chaussures Converse avec ses tailleurs pantalons, un choix vestimentaire qui visait à se rapprocher des électeurs démocrates et à transmettre un message de simplicité.
Cela nous amène au président Trump et à son entourage durant son second mandat. Depuis son investiture, les experts en mode et les journalistes scrutent leurs choix vestimentaires.
D'après les experts, quelques semaines après le début du second mandat de Donald Trump, le "power dressing" a pris un nouveau tournant. Le style élégant des Obama et le goût sophistiqué des Biden ont laissé place à une esthétique plus audacieuse et clinquante.
La devise "less is more" (littéralement "moins, c'est plus") ne semble plus d'actualité dans cette nouvelle ère, comme le montrent les chapeaux de cow-boy accrocheurs, les casquettes rouges "MAGA", les symboles YMCA et les poings levés.
Ces objets incarnent une culture qui veut faire entendre sa voix, rejetant les conventions classiques du pouvoir et du prestige.
Jess Cartner-Morley, chroniqueuse au Guardian, admet qu'il est facile de critiquer le style de Trump, mais son attrait indéniable résonne auprès de 77 284 118 électeurs qui semblent clairement l'apprécier.
Jess Cartner-Morley compare les deux mandats de Donald Trump et note que, bien que son premier discours d'investiture ait été marqué par la gravité, en 2025, il est arrivé à Washington avec un ton plus optimiste. L'événement était rempli de sourires, de célébrités et de messages simples mais puissants.
Trump aurait organisé de grandes fêtes avec hamburgers et feux d'artifice, mettant en avant le plaisir d'avoir de l'argent et de réussir.
La première règle de la narration est de montrer plutôt que de raconter, un principe qui se retrouve dans les choix vestimentaires de Trump et de son entourage.
Leur style reflète une vision conservatrice des normes de genre et de mode, avec des hommes portant des costumes trop grands ou trop ajustés, sans les détails élégants comme les carrés de poche en soie, les tailles cintrées ou les pantalons à ourlets courts à la mode.
Coïncidence (ou pas), les membres de ce que les médias appellent "la Broligarchie" autour de Trump, Elon Musk, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg, ont également opéré un changement d'image.
Ils affichent désormais des physiques plus musclés et arborent des tenues "macho", comme des lunettes de soleil d'aviateur et des vestes qui leur donnent l'air de tout juste sortir d'un hélicoptère.
Lors d'une récente interview sur le podcast de Joe Rogan (un autre membre de la supposée "Broligarchie" de Trump), Zuckerberg a affirmé que Meta avait besoin de plus d'"énergie masculine" dans ses équipes, un discours qui marque un contraste avec l'accent qu'il mettait auparavant sur l'inclusivité et la diversité au sein de l'entreprise.
Kellyanne Conway, collaboratrice de Fox News, et Megyn Kelly, podcasteuse conservatrice, représentent une vision de la féminité qui évoque les blondes californiennes des films hollywoodiens des années 90.
Les rapports révèlent un engouement croissant pour le "brushing républicain", une coiffure blonde et impeccable désormais synonyme de l'image des femmes républicaines, prenant le pas sur les coupes lisses autrefois populaires chez les démocrates. Ce n'est donc pas étonnant que Tiffany Trump, Lara Trump et Carrie Underwood aient choisi des styles similaires lors de l'investiture de Donald Trump.
Les femmes du camp de Trump adoptent deux styles emblématiques : des tailleurs cintrés, accentuant la silhouette pour les journées de travail, et des robes de soirée audacieuses, dévoilant les épaules, pour les occasions nocturnes.
Après l'inauguration, Usha Vance a imité la première dame en abandonnant son délicat manteau rose pour adopter une robe à bretelles plus audacieuse.
Malgré les normes de genre strictes durant le second mandat de Trump, l'argent reste une force dominante, certains médias soulignant son rôle dans l'exhibition ostentatoire de la richesse, un trait marquant de cette époque.
Les critiques de mode ont remarqué que Lauren Sánchez a défié les conventions traditionnelles de la féminité lors de l'inauguration, en portant un soutien-gorge en dentelle sous sa veste décolletée Alexander McQueen. Le message était évident : avec un fiancé comme Jeff Bezos, elle impose ses propres règles.
En 2017, certains créateurs, comme Marc Jacobs, avaient décliné l'opportunité de l'habiller, mais la Première dame semble avoir reconquis leur confiance, avec davantage de stylistes ouverts à collaborer avec l'administration Trump. Pour l'inauguration de son second mandat, Melania a choisi un chapeau audacieux signé Eric Javits, un accessoire marquant à une époque où il est désormais rare de voir les Premières Dames porter des chapeaux lors de telles occasions.
Certains journalistes ont établi un parallèle entre l'affirmation de Donald Trump selon laquelle une intervention divine l'aurait sauvé d'une tentative d'assassinat et les choix vestimentaires de Melania et Ivanka, qui s'inspirent de la royauté. Parmi ces choix, on note des chapeaux et des tenues conservatrices évoquant l'élégance du règne de la reine Élisabeth II.
Ces choix vestimentaires traduisent-ils une volonté de cultiver une image royale ?
Il est encore trop tôt pour dire si "l'effet Trump" deviendra dominant et si une forme de royauté américaine non officielle émergera, mais certaines tendances semblent se propager à une vitesse étonnante.
Sources : (The Guardian) (Vogue) (The Geostrata) (Harpers Bazar) (Business Insider) (Radio Canada International)
Voir aussi : Quel est le QI des présidents américains ?
Trump : un leader qui réécrit les règles du style en politique
Tenue après tenue, les règles semblent changer...
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L'ère Trump dépasse les frontières de la politique, avec un impact culturel qui se fait également sentir dans le domaine de la mode. Des costumes bleus surdimensionnés aux tenues audacieuses et ultra-masculines des alliés technologiques de Trump, chaque choix vestimentaire semble porter un message fort plutôt qu'une simple déclaration de style.
Alors que le second mandat du président s’étend, les codes vestimentaires se transforment, reflétant des nouveaux idéaux de pouvoir, de richesse et d’influence. L’émergence d’un mouvement de mode inspiré par cette présidence singulière pourrait-elle être en marche ? Découvrez comment le style devient un élément central de l'héritage de Trump.