Vous serez peut-être étonné de trouver dans les parcs européens des oiseaux au plumage vert vif, au bec rouge et à la queue bleutée. Ces perruches à collier (Psittacula krameri), originaires d'Afrique et du sous-continent indien, prospèrent depuis des décennies dans des villes comme Amsterdam, Lisbonne, Londres et Paris. Facilement reconnaissables à leur plumage radieux et à leur cri unique, elles sont devenues un spectacle familier dans les paysages urbains. Au fil des ans, des légendes urbaines ont circulé sur leurs origines, dont une qui prétend que le musicien Jimi Hendrix les a relâchés en Angleterre : une histoire amusante qui rajoute un brin de mystère autour de leur prolifération.
Mais comment ces perruches se sont-elles répandues en Europe à l'origine, et que faisons-nous à ce sujet ? Cliquez ici pour le savoir.
Selon les experts, l'augmentation du nombre de perruches à collier à Amsterdam s'explique probablement par une raison plus simple. À partir des années 1970, alors que ces oiseaux étaient très recherchés comme animaux de compagnie exotiques et largement exposés dans les zoos et les volières, de nombreuses perruches se sont échappées ou ont été intentionnellement relâchées dans la nature.
Au fil du temps, les perruches échappées ou relâchées à Amsterdam se sont retrouvées, formant la colonie dynamique qui prospère aujourd'hui dans les espaces verts de la ville. Ces perruches coexistent avec la faune indigène, comme les hérons, les cygnes, les canards et les foulques, ajoutant une touche de charme exotique à l'écosystème urbain.
La présence persistante, bien que généralement bien accueillie, de la perruche à collier dans les environnements urbains soulève une question : pourquoi certaines espèces non-indigènes sont-elles accueillies dans des habitats inconnus, alors que d'autres sont qualifiées d'invasives et rencontrent une certaine résistance ?
À première vue, la distinction semble simple : tout ce qui n'est pas indigène est considéré comme envahissant. Toutefois, la National Oceanic and Atmospheric Administration des États-Unis précise qu'une espèce envahissante est une espèce "capable de provoquer l'extinction de plantes et d'animaux indigènes, de réduire la biodiversité, d'entrer en concurrence avec les organismes indigènes pour des ressources limitées et d'altérer les habitats".
Tout au long de l'histoire, d'innombrables espèces ont été transportées à travers le monde, souvent dans le cadre du commerce et des migrations humaines. Malgré leur caractère non-indigène, toutes ces espèces ne sont pas considérées comme nuisibles ou envahissantes ; nombre d'entre elles se sont intégrées pacifiquement dans leur nouvel environnement.
L'élargissement de la perspective historique complique le concept d'"indigénat". Alors que les introductions récentes, comme les pythons en Floride, sont largement considérées comme nuisibles, les arrivées plus anciennes, comme les eucalyptus en Californie (introduits d'Australie dans les années 1800) tendent à susciter plus d'acceptation et même de sympathie.
Une grande partie de la faune et de la flore que nous considérons aujourd'hui comme faisant partie intégrante de nos écosystèmes locaux pourrait avoir été introduite à l'origine lors de l'échange colombien.
Ce vaste transfert d'espèces, impulsé par l'exploration et le colonialisme européens à partir de la fin du 15ᵉ siècle, a remodelé les paysages du monde entier et a eu des répercussions écologiques durables qui continuent à définir nos environnements aujourd'hui.
Pour défendre ces espèces, il convient de noter que leur propagation mondiale n'est pas due à leur propre volonté. Si de nombreux oiseaux sont naturellement migrateurs, de nombreuses espèces aviaires ont été arrachées à leur habitat et transportées dans le monde entier pour satisfaire les intérêts coloniaux en matière de faune et de flore exotiques.
À l'instar d'autres espèces non-indigènes autrefois gardées comme animaux de compagnie, puis relâchées ou échappées, certaines espèces d'oiseaux ont réussi à s'établir dans des habitats qui ne leur étaient pas familiers. Grâce à des adaptations comportementales et génétiques remarquables, ces oiseaux ont réussi à survivre et à prospérer.
Le concept de "nativité" devient encore plus complexe si l'on considère la manière dont le changement climatique remodèle les habitats potentiels des espèces. Notre propre espèce joue un rôle essentiel, non seulement en favorisant l'adaptation des espèces sauvages aux environnements urbains, mais aussi en modifiant fondamentalement les niches écologiques.
Les scientifiques suggèrent que les perruches à collier se sont peut-être adaptées aux climats européens grâce à leur résistance naturelle, façonnée par l'exposition aux conditions froides de la région de l'Himalaya. En outre, le réchauffement actuel de la Terre a probablement facilité leur établissement.
Le langage et les attitudes utilisés pour décrire les espèces non-humaines reflètent souvent des schémas similaires dans la manière dont les sociétés perçoivent et parlent des humains qualifiés d'"autres" ou d'"étrangers" au sein de leurs communautés.
En particulier, la rhétorique raciste et xénophobe déshumanise fréquemment les migrants en les qualifiant de "vermine" ou d'"insectes envahissants", établissant des parallèles troublants entre le traitement des personnes déplacées et celui des espèces envahissantes.
À Amsterdam, les perruches migratrices ont été largement accueillies avec tolérance et acceptation. De nombreux habitants ne semblent pas perturbés par la présence des oiseaux, tandis que d'autres les considèrent comme faisant partie intégrante du caractère de la ville.
En 2008, une statue du philosophe néerlandais du 17ᵉ siècle Baruch Spinoza a été inaugurée devant l'hôtel de ville d'Amsterdam. Drapée dans un manteau orné de perruches à collier, de moineaux et de roses, la statue évoque des réflexions sur la diversité culturelle et l'importance de la tolérance à l'égard des migrants.
En région parisienne, la vue de perruches d'un vert éclatant est souvent une délicieuse surprise pour les habitants et les visiteurs. Ces oiseaux remarquables ont établi une population prospère estimée entre 10 000 et 20 000 individus, ajoutant une touche de couleur au paysage urbain.
Connue localement sous le nom de periquito-de-colar, la perruche à collier est présente au Portugal depuis la fin des années 1970. En 2008, la population nationale était estimée à seulement 270 individus. Depuis, leur nombre n'a cessé de croître, les estimations les plus récentes faisant état d'une population d'environ 650 perruches rien qu'à Lisbonne.
Malgré leur charme, les perruches à collier ont suscité des inquiétudes quant à leurs effets sur la vie urbaine et l'écologie. Des rapports datant de l'année dernière ont révélé que les oiseaux augmentaient les coûts énergétiques en endommageant l'isolation des maisons et des établissements.
Londres, qui est sur le point d'être déclarée première "ville-parc national" au monde, est une oasis urbaine remarquable. Près de la moitié de la ville est composée d'espaces verts, dont un ensemble impressionnant de 14 000 hectares (35 000 acres) de parcs, de terrains communaux, de forêts, de zones humides, de cimetières, de jardins familiaux et de jardins.
Les vastes espaces verts de Londres offrent aux perruches à collier une gamme variée d'habitats, avec de nombreuses possibilités de nidification et d'alimentation. Ces oiseaux adaptables se nourrissent de diverses sources de nourriture : noix, graines, fruits et baies, sans oublier les friandises généreusement déposées par les habitants sur les tables d'oiseaux.
Les détracteurs affirment que les perruches peuvent constituer une menace pour la faune sauvage indigène, en perturbant potentiellement les écosystèmes et en entrant en compétition pour les ressources. Certains détracteurs les comparent même à des "immigrants illégaux" ou à des "envahisseurs", les accusant de déplacer agressivement les populations locales.
Les partisans des perruches à collier célèbrent leur présence dynamique et les considèrent comme des exemples d'intégration réussie dans les écosystèmes urbains. Roelant Jonker, du groupe de conservation des oiseaux urbains City Parrots, affirme que la nature est intrinsèquement dynamique et en constante évolution.
Roelant Jonker note que de nombreuses espèces, telles que les lapins, les faisans et même le hêtre européen (introduit par les Romains) ne sont plus considérées comme étrangères. Cette perspective souligne la relation évolutive entre les écosystèmes et les espèces, et nous rappelle que le changement est une caractéristique essentielle de la nature.
Les experts s'accordent à dire que les implications écologiques de la perruche à collier sont loin d'être évidentes. Bien qu'il n'y ait pas de preuves immédiates d'une "apocalypse aviaire", les écologistes avertissent qu'il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives.
Des inquiétudes ont été soulevées quant à la capacité des perruches à surpasser les oiseaux de jardin lors de l'alimentation sur les tables d'oiseaux, en tirant parti de leur intelligence, de leur vitesse et de leur sociabilité. En outre, leur préférence pour les sites de nidification les oppose souvent aux "nicheurs de cavités secondaires", tels que les sittelles, qui dépendent des trous de pics abandonnés.
Pour l'instant, il semble qu'il y ait une abondance de nourriture et de feuillage pour les perruches et les oiseaux indigènes. Toutefois, en ce qui concerne les dangers auxquels sont confrontées les espèces d'oiseaux indigènes, la principale menace ne provient pas des perruches, mais bien des activités humaines.
Au milieu de la crise climatique et d'une époque définie par des extinctions massives, où la perte et l'effondrement écologique dominent le récit, les perruches offrent une histoire rare et édifiante. Leur résilience et leur capacité à s'épanouir dans les paysages urbains nous rappellent la capacité d'adaptation de la nature et son succès inattendu face à l'adversité.
Comme le souligne l'anthropologue Eben Kirksey, le véritable défi est de savoir "comment vivre de manière éthique avec ceux qui partagent le monde avec nous en ce moment même". La clef réside dans une compréhension plus nuancée de l'enchevêtrement des relations entre humains et non-humains.
Sources : (The Guardian) (SAPIENS) (Sortir à Paris) (The Portugal News) (City Parrots)
Découvrez aussi : Rejoindriez-vous le mouvement de réensauvagement de l'humanité ?
L'invasion des perruches : comment ces oiseaux exotiques ont-ils pu envahir l'Europe ?
Une espèce envahissante qui fait de plus en plus partie du paysage urbain
LIFESTYLE Nature
Vous serez peut-être étonné de trouver dans les parcs européens des oiseaux au plumage vert vif, au bec rouge et à la queue bleutée. Ces perruches à collier (Psittacula krameri), originaires d'Afrique et du sous-continent indien, prospèrent depuis des décennies dans des villes comme Amsterdam, Lisbonne, Londres et Paris. Facilement reconnaissables à leur plumage radieux et à leur cri unique, elles sont devenues un spectacle familier dans les paysages urbains. Au fil des ans, des légendes urbaines ont circulé sur leurs origines, dont une qui prétend que le musicien Jimi Hendrix les a relâchés en Angleterre : une histoire amusante qui rajoute un brin de mystère autour de leur prolifération.
Mais comment ces perruches se sont-elles répandues en Europe à l'origine, et que faisons-nous à ce sujet ? Cliquez ici pour le savoir.