Si on l'observe du ciel, l'A23a ressemble à un gigantesque morceau de terre glacée qui s'éloigne de l'Antarctique le long des eaux froides. Il se dirige actuellement vers l'île isolée de Géorgie du Sud, un sanctuaire vital pour la faune et la flore qui regorge d'otaries et de pingouins.
Cet immense iceberg est né en 1986, lorsqu'il s'est détaché de la plate-forme glaciaire de Filchner, en Antarctique. Contrairement à la plupart des icebergs, pendant des décennies, il est resté coincé au fond de l'océan en raison de sa taille imposante, qui l'empêchait de dériver librement.
L'A23a s'étend sur plus de 3 625 km² (3,625 sq. km), étant donc plus grand que Tokyo, la plus grande ville de la planète. Toutefois, il n'est pas seulement large, il est aussi profond, à tel point que sa quille a raclé le fond marin et l'a maintenu piégé pendant près de 40 ans !
Image : NASA Earth Observatory
L'A23a s'élève à une hauteur étonnante de 400 mètres, ce qui le rend comparable à un gratte-ciel. Cependant, la majeure partie de son volume reste cachée sous l'eau, sa quille profonde s'étendant bien en dessous de la surface.
Comme nous le savons tous, bien que les icebergs paraissent énormes à la surface de l'océan, environ 90 % de leur masse est immergée sous l'eau. Et justement, cette masse cachée les rend imprévisibles et dangereux, car seule une fraction de leur taille est visible.
Effectivement, l'A23a ne s'est pas mis à bouger soudainement. C'est un processus progressif, lié, au fil du temps, aux courants océaniques, à la fonte et à l'érosion éolienne, qui ont érodé ses bords. Et c'est en 2020 qu'il s'est finalement suffisamment détaché pour entamer son voyage tant attendu vers des eaux plus profondes.
Dérivant librement, l'immense iceberg a été pris dans le courant circumpolaire antarctique, qui est le courant océanique le plus puissant de la planète. Cette force implacable l'entraîne tout droit vers la Géorgie du Sud, à 250 km (155 miles) de là, où il risque de se bloquer à nouveau ou de poursuivre son voyage imprévisible...
Par le passé, les icebergs de la région ont généralement dérivé dans le passage de Drake, une voie navigable turbulente entre le cap Horn, en Amérique du Sud, et les îles Shetland du Sud, en Antarctique. De là, ils se déplaçaient vers le nord, dans l'Atlantique Sud, où ils fondaient rapidement dans des eaux plus chaudes. L'A23a pourrait donc possiblement suivre le même chemin.
Malgré sa taille colossale, l'iceberg se déplace doucement (2,4 km/h ou 1,5 mph). Bien que lent, il est stable, et sa masse énorme signifie qu'il est pratiquement impossible de le faire tourner ou de l'arrêter. Il ira donc naturellement là où l'océan le mènera.
De ce fait, les experts ne peuvent pas prédire exactement où l'A23a finira par s'échouer. En effet, il pourrait s'échouer dans des eaux peu profondes près de la Géorgie du Sud (photo), ce qui bloquerait des voies d'alimentation vitales pour la faune. Mais il pourrait aussi continuer à dériver et fondre lentement, déposant de l'eau douce et des nutriments dans l'océan.
Malheureusement, si l'A23a s'échoue, il pourrait couper des voies de migration essentielles pour les manchots et les otaries. En effet, ces animaux dépendent des eaux libres pour se déplacer entre les zones de reproduction et d'alimentation, et un obstacle de cette taille pourrait les obliger à faire des détours qui mettraient leur vie en danger...
L'accès à la nourriture est essentiel à leur survie des manchots de Géorgie du Sud. C'est pourquoi, si A23a bloque leurs chemins de recherche de nourriture habituels, les manchots adultes devront voyager plus loin, dépenser plus d'énergie et rapporter moins de nourriture. Cela pourrait conduire à la famine, en particulier pour les bébés.
Il faut savoir que les populations d'otaries et de pingouins de l'île sont déjà en difficulté en raison d'une grave épidémie de grippe aviaire. Donc si l'iceberg venait à perturber leurs voies d'alimentation, la situation pourrait s'aggraver considérablement et ces espèces vulnérables pourraient être encore plus dévastées.
Dépendant d'itinéraires d'alimentation prévisibles, elles pourraient également être affectées si l'iceberg s'installe au mauvais endroit. En effet, les sources de nourriture étant plus difficiles à atteindre, les taux de mortalité pourraient augmenter, en particulier chez les petits et les mères allaitantes qui ont besoin d'être nourris fréquemment.
Mais en réalité, le moment de l'arrivée de l'A23a déterminera son impact. S'il perturbe l'écosystème au mois d'octobre (au moment où les manchots commencent à nicher), les conséquences pourraient être désastreuses. Mais en revanche, s'il arrive après le mois de février (lorsque les petits sont autonomes), les effets pourraient alors être moins graves.
Sachez que l'A23a n'est pas le premier iceberg massif à menacer la Géorgie du Sud. Effectivement, en 2004, l'iceberg A38 s'est échoué, dévastant la faune locale. Et en 2020, l'iceberg A68 (photo) a manqué l'île de peu. L'histoire montre donc que de tels événements peuvent être désastreux.
Parlons maintenant des noms des icebergs. Ces derniers ne sont pas nommés au hasard. Chaque iceberg se voit attribuer une lettre correspondant à la région de l'Antarctique où il a été repéré pour la première fois, suivie d'un numéro séquentiel. A23a, par exemple, provient du quadrant A (le secteur de la mer de Weddell) et est le 23e iceberg enregistré dans cette région. La lettre minuscule à la fin est ajoutée lorsqu'un grand iceberg se divise en plusieurs morceaux.
Autre point important : la taille de l'A23a pourrait également avoir des conséquences inattendues sous les vagues. En ombrageant de vastes zones de l'océan, elle pourrait réduire la pénétration de la lumière du soleil et éventuellement freiner la croissance du phytoplancton (les organismes microscopiques qui constituent la base du réseau alimentaire marin).
Toutefois, si les icebergs peuvent perturber les écosystèmes, ils fournissent également des nutriments. Donc en fondant, A23a libérera du fer et d'autres minéraux dans l'eau, ce qui pourrait favoriser la prolifération du phytoplancton. Cela soutiendrait indirectement les populations de krill (petits crustacés qui vivent dans l'océan) et les animaux marins qui en dépendent.
Mais voyons aussi le côté positif : malgré ses dangers potentiels, A23a peut aussi créer une oasis temporaire. Les icebergs attirent souvent la vie marine, notamment le krill et les poissons. Si l'iceberg dérive près de la Géorgie du Sud, les manchots et les otaries pourraient donc bénéficier d'une source de nourriture inattendue.
Mais par contre, si l'A23a venait à se briser, il pourrait créer un réseau d'icebergs plus petits qui rendraient la navigation dangereuse pour les navires. L'océan Austral est déjà l'une des eaux les plus dangereuses de la planète, et l'ajout d'icebergs rendrait la navigation encore plus périlleuse !
Bien que la création de l'A23a n'ait pas été directement causée par le changement climatique, la perte de glace de l'Antarctique s'accélère en raison du réchauffement de la planète. En effet, de plus en plus d'icebergs se détachent, ce qui suscite des inquiétudes quant à leur impact à long terme sur le niveau des mers et les schémas de circulation océanique à l'échelle mondiale.
Aujourd'hui, l'Antarctique perd de la glace six fois plus vite qu'il y a 30 ans. Alors que les icebergs se détachent naturellement, le changement climatique augmente la fréquence de ces événements et contribue également à une fonte plus importante, ce qui modifie l'équilibre de l'océan Austral.
Même si les émissions étaient réduites aujourd'hui, la fonte des glaces de l'Antarctique a déjà entraîné une élévation du niveau de la mer d'au moins deux mètres. Les villes côtières du monde entier en subiront les conséquences, ce qui fait de la perte de glace un problème mondial, et pas seulement antarctique.
Les icebergs tels que l'A23a contiennent de la glace qui a été gelée pendant des milliers d'années. En fondant, ils libèrent des indices sur les conditions climatiques passées, ce qui fournit des informations précieuses aux scientifiques qui étudient l'histoire et l'avenir de l'environnement changeant de la Terre.
L'A23a est donc une expérience de grande envergure en océanographie et en écologie. Les scientifiques profitent de son voyage pour étudier l'influence des icebergs sur les écosystèmes marins et même sur les courants océaniques.
Pour l'instant, les scientifiques et la faune de Géorgie du Sud ne peuvent qu'attendre. L'A23a est sur une trajectoire qui pourrait bouleverser l'écosystème de la région, mais tant qu'il n'aura pas atteint sa destination, son impact final reste inconnu.
L'A23a n'est pas le plus grand jamais enregistré dans l'histoire puisque le plus grand iceberg est le B15, qui s'est détaché de la plate-forme glaciaire de Ross en Antarctique en 2000. Il mesurait initialement 10 880 km², mais il s'est fragmenté au fil du temps avant de se désintégrer complètement deux décennies plus tard.
Donc pour l'instant, le sort final de l'A23a reste un mystère. Les scientifiques, les défenseurs de l'environnement et les amoureux de la nature du monde entier observent attentivement sa dérive dans l'océan. Qu'il soit source de destruction ou de bienfaits inattendus, son voyage laissera une empreinte durable sur l'environnement.
Sources: (National Geographic) (NASA) (BBC) (Space.com) (Live Science)
Découvrez aussi: Icebergs : découvrez ces merveilles gelées de la nature
Dans les profondeurs de l'océan Austral, un immense iceberg se déplace doucement mais surement. En effet, après avoir été piégé au fond de l'océan pendant près de quarante ans, l'iceberg A23a, qui est le plus grand du monde, s'est enfin détaché... Ce "mégaberg" pesant un millier de milliards de tonnes, et dont la superficie est supérieure à celle des villes de New York, Los Angeles et Houston réunies, dérive maintenant vers le nord.
Les scientifiques et les défenseurs de l'environnement observent attentivement sa dérive au gré des courants océaniques, qui se rapproche d'une île isolée mais vitale sur le plan écologique. Effectivement, de par sa taille et sa trajectoire imprévisible, le voyage de l'A23a pourrait modifier les paysages, perturber les écosystèmes et nous rappeler brutalement les forces qui façonnent notre planète. Mais que signifie vraiment le déplacement de cet iceberg pour l'équilibre délicat de la vie dans l'océan Austral ? Son arrivée pourrait-elle entraîner des problèmes imprévus ou pourrait-elle avoir des effets bénéfiques cachés ? Cliquez sur cette galerie pour le découvrir !
Cet immense iceberg menace un sanctuaire crucial pour la biodiversité
Le plus grand iceberg du monde est sur le point d'entrer en collision et d'apporter soit un désastre, soit un rebondissement inattendu
LIFESTYLE Iceberg
Dans les profondeurs de l'océan Austral, un immense iceberg se déplace doucement mais surement. En effet, après avoir été piégé au fond de l'océan pendant près de quarante ans, l'iceberg A23a, qui est le plus grand du monde, s'est enfin détaché... Ce "mégaberg" pesant un millier de milliards de tonnes, et dont la superficie est supérieure à celle des villes de New York, Los Angeles et Houston réunies, dérive maintenant vers le nord.
Les scientifiques et les défenseurs de l'environnement observent attentivement sa dérive au gré des courants océaniques, qui se rapproche d'une île isolée mais vitale sur le plan écologique. Effectivement, de par sa taille et sa trajectoire imprévisible, le voyage de l'A23a pourrait modifier les paysages, perturber les écosystèmes et nous rappeler brutalement les forces qui façonnent notre planète. Mais que signifie vraiment le déplacement de cet iceberg pour l'équilibre délicat de la vie dans l'océan Austral ? Son arrivée pourrait-elle entraîner des problèmes imprévus ou pourrait-elle avoir des effets bénéfiques cachés ? Cliquez sur cette galerie pour le découvrir !