Un classement État par État
En 1266, le roi Alexandre III d'Écosse a versé 4 000 merks (une ancienne monnaie écossaise) ainsi qu'une rente annuelle de 100 merks au roi Magnus IV de Norvège, afin d'acquérir la souveraineté sur l'île de Man et les îles Hébrides. L'accord comprenait également les îles du Firth of Clyde et de Kintyre. Les deux souverains ont officialisé cet arrangement en signant le traité de Perth.
En 1349, le roi Philippe VI de France a acheté le Dauphiné de Viennois à Humbert II de Viennois, un seigneur endetté et sans héritier. Cette vente, d'un montant de 300 000 florins, a permis à Humbert de se libérer de ses dettes. À la suite de cette transaction, l'héritier du trône de France a commencé à porter le titre de "Dauphin".
En 1417, le souverain du Burgraviat de Nuremberg (actuelle Bavière) a payé 400 000 florins d'or hongrois pour acquérir le margraviat de Brandebourg, une principauté située dans l'actuel nord-est de l'Allemagne. Peu de temps après, Frédéric Iᵉʳ est devenu le premier membre de la Maison de Hohenzollern à régner sur Brandebourg, posant ainsi les fondations du futur royaume de Prusse.
En 1721, dans le cadre du traité de Nystad, qui mettait fin à la Grande Guerre du Nord, le tsar Pierre le Grand de Russie a payé deux millions de roubles en argent au roi Frédéric Iᵉʳ de Suède pour acquérir l'Estonie, la Livonie, l'Ingrie et le sud-est de la Finlande.
En 1733, la Compagnie danoise des Indes occidentales a acheté l'île de Sainte-Croix, dans les Caraïbes, à la France, au nom du Danemark et de la Norvège. Selon les archives, la compagnie a payé 750 000 livres pour acquérir le territoire.
La Corse a été sous le contrôle de la République de Gênes de 1284 à 1755, date à laquelle elle a proclamé son indépendance pour devenir une république autoproclamée de langue italienne. Craignant de perdre son identité, le peuple corse s'est rebellé contre Gênes. En réponse, les Génois ont sollicité l'aide militaire de la France. La révolte fut écrasée, et en 1768, Gênes céda officiellement l'île à Louis XV, en règlement de ses dettes contractées pour l'aide française.
L'achat de la Louisiane désigne l'acquisition, en 1803, par les États-Unis, du territoire de la Louisiane de la Première République française, pour la somme de 15 millions de dollars (l'équivalent de 418 millions de dollars en 2024). Le terme "Louisiane" est en réalité réducteur, car les terres achetées englobaient une vaste région, incluant non seulement la Louisiane, mais aussi l'Arkansas, le Kansas, le Nebraska et le Montana.
Le traité Adams-Onís, signé en 1819 entre les États-Unis et l'Espagne, permettait à ces derniers d'acquérir la Floride tout en délimitant la frontière entre les États-Unis et la Nouvelle-Espagne (aujourd'hui le Mexique). Ce traité assurait également la possession des territoires méridionaux des actuels Alabama, Mississippi et Louisiane. L'ensemble de ces concessions a été obtenu pour 5 millions de dollars, soit l'équivalent de 124 millions de dollars en 2024.
Un mois après l'arrivée du gouverneur britannique Stamford Raffles à Singapour, en janvier 1819, le traité de Singapour a été signé. Ce traité a permis à la British East India Company d'ouvrir un comptoir commercial à Singapour, marquant ainsi le début de la colonisation britannique. Le Temenggong Abdu'r Rahman et le sultan de Johor ont accordé aux Britanniques la possession de facto de l'île, le sultan acceptant une rente de 5 000 dollars espagnols, tandis que le Temenggong a reçu un paiement annuel de 3 000 dollars espagnols. Cette image de Singapour, datant du milieu des années 1800, provient de la Mitchell Library, State Library of New South Wales.
En 1836, le gouvernement américain a renforcé ses acquisitions territoriales en achetant des terres dans le coin nord-ouest du Missouri. Cet achat, effectué dans le cadre du Platte Purchase, a suivi des négociations avec les tribus amérindiennes locales. Le coût de la transaction s'est élevé à 7 500 dollars, soit environ 268 000 dollars en 2024.
Dans le cadre de la colonisation britannique de l'Inde, les autorités britanniques ont acheté Frederiksnagore (aujourd'hui Serampore) au Danemark en 1839. En 1845, elles ont également acquis l'avant-poste danois fortifié de Dansborg (aujourd'hui Tranquebar). Le montant total de ces acquisitions s'élevait à 125 000 livres sterling, ce qui équivaut à environ 3,2 millions de livres sterling ou 4,3 millions de dollars en 2024.
Le traité de Guadalupe Hidalgo, signé en 1848 entre le gouvernement américain et le Mexique, a mis fin à la guerre du Mexique et permis aux États-Unis d'acquérir de vastes territoires comprenant les actuels Arizona, Californie, Nevada et Utah. En échange de ces terres, le Mexique a renoncé à toutes ses revendications sur ces régions et a reçu 15 millions de dollars, soit environ 595 millions de dollars en pouvoir d'achat en 2024.
Cinq ans plus tard, en 1853, le Mexique a cédé un autre territoire aux États-Unis dans le cadre de la "Gadsden Purchase", une transaction nommée d'après James Gadsden, diplomate, soldat et homme d'affaires américain. Pour la somme de 10 millions de dollars, le Mexique a vendu des terres qui correspondent aujourd'hui à l'Arizona et au sud-ouest du Nouveau-Mexique. En 2024, cette même transaction équivaudrait à environ 409 millions de dollars.
Dans le cadre de la convention de Gastein, un traité signé entre l'Autriche et la Prusse à Bad Gastein le 14 août 1865, l'Autriche a été contrainte de vendre à la Prusse le territoire de Saxe-Lauenburg, situé dans le nord de l'Allemagne actuel, pour 2,5 millions de rigsdalers danois. L'Autriche a cependant conservé le contrôle du Holstein. Cependant, après que l'Autriche a été expulsée de la Confédération allemande l'année suivante sous l'impulsion de l'homme d'État prussien Otto von Bismarck, elle a perdu le contrôle du Holstein, tandis que Bismarck est devenu le premier chancelier de l'Allemagne.
En 1867, William H. Seward, secrétaire d'État des États-Unis, a négocié l'achat de l'Alaska, un territoire cédé par la Russie pour 7,2 millions de dollars, l'équivalent d'environ 153 millions de dollars en 2024.
En 1870, lorsque la Compagnie de la Baie d'Hudson a cédé sa charte à la Couronne britannique, elle a reçu une indemnité de 300 000 livres sterling. Les terres acquises par le Dominion du Canada comprenaient l'actuel Manitoba, une grande partie de la Saskatchewan, le sud de l'Alberta, le sud du Nunavut, ainsi que des régions septentrionales de l'Ontario et du Québec. Les Territoires du Nord-Ouest faisaient également partie de cette transaction. Le montant de la vente, en 1870, équivaut à 44 millions de livres sterling (soit environ 55 millions de dollars américains) en 2024.
En 1878, le roi de Suède Oscar II a vendu l'île de Saint-Barthélemy à la France, apparemment pour se défaire des coûts d'entretien liés à cette colonie suédoise éloignée. La France a payé 40 000 francs pour acquérir l'île, qui a ensuite été administrée comme une dépendance de la Guadeloupe.
En 1898, un bail de 99 ans a été négocié entre le gouvernement britannique et la Chine, sans redevances, accordant aux Britanniques une pleine juridiction sur les terres nouvellement acquises. À l'époque, Londres n'envisageait pas de devoir un jour renoncer à Hong Kong. Pourtant, en 1997, les Britanniques ont dû accepter le retour du territoire sous souveraineté chinoise, ce qui a marqué une cession importante.
À la fin de la guerre hispano-américaine, en décembre 1898, l'Espagne a cédé les Philippines, ainsi que Guam et Porto Rico, aux États-Unis pour 20 millions de dollars, soit environ 2,6 milliards de dollars en 2024. Cependant, les Philippines ont refusé de reconnaître cet accord, signé par le traité de Paris, ce qui a entraîné la guerre américano-philippine. Les Philippines ont finalement obtenu leur indépendance en 1946.
L'année suivante, en 1899, l'Espagne a cédé à l'Allemagne une nouvelle portion de son territoire, comprenant les îles Caroline, les îles Mariannes et les Palaos dans le Pacifique. Cette transaction a eu lieu contre un montant d'environ 25 millions de pesetas.
Une erreur dans la rédaction du traité de Paris a initialement omis plusieurs îles philippines, telles que Cagayan Sulu, Sibutu, les îles Spratly et le haut-fond de Scarborough. Cette omission a été rectifiée en 1900, lorsque les États-Unis ont acquis ces territoires espagnols pour 100 000 dollars, soit l'équivalent de 3,7 millions de dollars en 2024.
L'Amérique avait précédemment exercé un contrôle temporaire sur Cuba selon le traité de Paris, mais cet accord a pris fin en 1902. L'année suivante, Washington a signé un bail à perpétuité pour la baie de Guantanamo, avec un paiement annuel initial de 2 000 dollars en or. En 1974, ce montant a été augmenté à 4 085 dollars, soit l'équivalent de 26 000 dollars en 2024.
Au début du XXe siècle, les États-Unis ont obtenu les droits de construction et d'exploitation du canal de Panama. En 1903, ils ont signé le traité Hay-Bunau-Varilla avec le Panama, qui leur accordait un bail perpétuel sur le canal et les terres environnantes, en échange d'un paiement initial de 10 millions de dollars et d'un loyer annuel de 250 000 dollars. En valeur actuelle (2024), cette transaction représente environ 360 millions de dollars. Le canal a été transféré aux autorités panaméennes le 31 décembre 1999.
En 1885, le roi Léopold II de Belgique a pris le contrôle du Congo, prétendant y mener des actions humanitaires et philanthropiques. En réalité, il exploitait les plantations de caoutchouc du pays de manière extrêmement lucrative. Léopold a gouverné sa colonie africaine avec une brutalité choquante. Sous la pression internationale, il a finalement été contraint de céder la colonie. En 1908, le Congo a été vendu au gouvernement belge pour une somme équivalente à 77 millions de dollars en 2024.
En 1916, les États-Unis ont acheté les Antilles danoises au Danemark (voir photo de la transaction). L'archipel, composé des îles principales de Sainte-Croix, Saint-Jean et Saint-Thomas, a été acquis pour la somme de 25 millions de dollars en or, soit l'équivalent de 719 millions de dollars en 2024. Le territoire a ensuite été renommé les "Îles Vierges américaines".
En 1947, l'Union soviétique a acheté à la Finlande le territoire de Jäniskoski-Niskakoski pour 700 millions de marks finlandais. Situé dans le nord-ouest de la Russie actuelle, ce territoire comprenait une centrale hydroélectrique que les Soviétiques souhaitaient reconstruire après qu'elle ait été endommagée durant la Seconde Guerre mondiale.
Gwadar est une ville portuaire située sur la côte sud-ouest de la province pakistanaise du Baloutchistan. En 1958, le Pakistan a acquis cette petite enclave de Mascate et Oman pour 3 millions de dollars, soit l'équivalent de 32,5 millions de dollars en 2024. Aujourd'hui, Gwadar traverse une transformation majeure : un méga-port en eau profonde est en cours de construction et un nouvel aéroport devrait ouvrir en 2025.
Le 23 avril 1949, les Pays-Bas ont pris possession des régions de Selfkant et d'Elten en Allemagne en réparation des dommages de guerre. Près de 10 000 habitants sont devenus résidents des Pays-Bas. En 1963, le gouvernement ouest-allemand a versé 280 millions de marks pour récupérer ces territoires, qui ont été réintégrés à la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. La photo montre le village d'Elten, près d'Emmerich, dans le Bas-Rhin.
En 2012, le Japon a acquis les îles Senkaku, un territoire contesté, auprès de propriétaires privés, bien que la Chine revendique également ces îles inhabitées. Le gouvernement japonais a payé 2,1 milliards de yens, soit l'équivalent de 38 millions de dollars en 2024.
En 2014, la République de Kiribati, un État souverain de Micronésie dans l'océan Pacifique, a acheté des terres sur l'île fidjienne de Vanua Levu en raison de la montée du niveau des mers dans la région. Cette acquisition visait à fournir un refuge aux habitants de Kiribati si leurs îles venaient à être submergées. Le coût de la transaction équivalait à 14 millions de dollars en 2024.
Sources : (Love Money) (The Business Standard) (BBC)
Voir aussi : Les pays où l'on travaille le plus
En réponse à la proposition de Donald Trump d'acheter le Groenland, une pétition satirique propose que le Danemark rachète plutôt la Californie. Avec plus de 200 000 signatures, elle avance que le Danemark aurait besoin de "plus de soleil, de palmiers et de patins à roulettes". Parmi les "partisans" figurent l'ex-roi scandinave Sven le Viking, Karen de la comptabilité et Lars Ulrich, batteur de Metallica (danois lui-même).
Le site de la pétition affiche le slogan "Måke Califørnia Great Ægain", où des lettres danoises remplacent certaines lettres. En bas de page, loin de mentionner le Groenland, on trouve cet avertissement : "Avis de non-responsabilité : cette campagne est 100% réelle... dans nos rêves".
D'ailleurs, saviez-vous que la France avait acquis une île des Caraïbes de la Suède, ou que les États-Unis avaient racheté la Floride à l'Espagne ? Que les Britanniques avaient également acheté Singapour ? Et que le Japon a acheté une île à un vendeur privé, alors que la Chine revendiquait le même territoire ? L’histoire regorge de transactions de terres et de territoires, parfois étonnantes, parfois controversées. Mais où ont eu lieu les échanges les plus surprenants et débattus ?
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Les montants mentionnés sont en dollars américains.
La pétition pour que le Danemark rachète la Californie franchit les 200 000 signatures
Sur le site de la pétition, on peut lire "Måke Califørnia Great Ægain", avec des lettres danoises
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