Il existe une interaction complexe entre les géopolitiques de la Russie, de l'Iran, de la Chine et de l'Occident dans les efforts de reconstruction de la Syrie en pleine guerre civile. Chaque pays avance avec ses propres intérêts stratégiques, influençant le redressement du pays et alimentant des dynamiques régionales et mondiales plus larges. Ces visions concurrentes sur l'avenir de la Syrie offrent des perspectives et des enjeux pour son futur.
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Hamza al-Khateeb, un garçon de 13 ans, a été arrêté par les forces syriennes le 29 avril 2011, lors d'une manifestation devant un complexe de logements militaires à Saïda, à environ 10 km (6 mi) de la ville syrienne de Deraa.
Un mois plus tard, son corps sans vie a été restitué à sa famille, portant les marques de tortures indicibles.
Hamza fait partie des 400 personnes tuées dans la seule région de Deraa durant le mois qui a suivi le début du printemps arabe en Syrie. La torture systématique et les exécutions extrajudiciaires sont rapidement devenues des pratiques courantes.
Pour récupérer le corps, sa famille a été obligée de signer une déclaration imposant le silence et l'enterrement immédiat, une pratique courante des forces du régime syrien. Ces déclarations incluaient parfois des aveux selon lesquels les victimes étaient des terroristes.
La mort atroce de Hamza a circulé sur les réseaux sociaux. Son visage imprimé est devenu un symbole lors de manifestations internationales. Son histoire illustre l'impunité du gouvernement syrien.
Alors que le printemps arabe progressait, la mort de Hamza a marqué un tournant, renforçant les protestations et l'agitation publique.
Plus de dix ans après sa mort, la Syrie est encore déchirée par une violence extrême. En 2023, au moins un demi-million de morts civiles étaient documentées, et plus de 100 000 disparitions forcées restent inexpliquées. Plus de 22 millions de personnes ont été déplacées.
Les forces du régime syrien, sous la direction de Bachar el-Assad, ont bénéficié d'un soutien majeur de la Russie et de l'Iran. Les frappes aériennes russes, continues dans les zones rebelles, ont été cruciales pour réduire à néant les efforts de l'opposition.
L'Iran, de son côté, a apporté un soutien considérable, en troupes et en ressources financières, au régime pour consolider son contrôle sur les zones rebelles.
Les groupes rebelles, cherchant désespérément un soutien international pour leur mouvement de guérilla, ont initialement reçu une aide des États-Unis, de la Turquie et de plusieurs pays européens.
L'émergence de l'État islamique a marqué un tournant, modifiant le soutien occidental aux rebelles et provoquant une escalade de la violence en Syrie et dans les pays voisins.
En 2023, plus de six millions de Syriens étaient déplacés à l'intérieur du pays, tandis que six millions supplémentaires cherchaient refuge à l'étranger, principalement dans les pays voisins.
L'insécurité reste omniprésente en Syrie, où plus de 15 millions de personnes dépendent d'une aide humanitaire pour survivre.
Cette situation a été particulièrement dévastatrice dans les zones rebelles comme Idlib, où la rétention de l'aide et les campagnes de famine ont été utilisées comme armes pour contraindre les populations à se rendre.
Les infrastructures essentielles, les quartiers résidentiels et des sites culturels ont subi des destructions massives.
En 2024, l'envoyé spécial des Nations unies, Geir Pedersen, a qualifié le conflit d'"insoutenable... défiant l'humanité et la logique".
Avec l'aide de la Russie et de l'Iran, le gouvernement syrien contrôle désormais la majeure partie du pays. En 2024, Al-Assad dominait plus de 70 % des territoires.
Bien que les Nations unies poursuivent leurs efforts pour une transition politique équitable, l'invasion russe de l'Ukraine a bloqué toute perspective de paix en Syrie.
En plus des souffrances humaines, la guerre a ruiné l'économie syrienne, déjà affaiblie par les sanctions internationales. L'insécurité alimentaire et hydrique est endémique.
Alors que les élites syriennes restent relativement stables, environ 90 % de la population vit dans la pauvreté. Les sanctions limitent sévèrement les capacités de relèvement du pays, aggravant la précarité des civils.
Face à ces défis, Al-Assad continue de s'appuyer sur ses alliés pour la reconstruction, bien que son statut de dirigeant légitime soit contesté par de nombreux pays.
Cherchant de nouvelles opportunités, la Syrie s'est tournée vers la Chine. Grâce à l'initiative chinoise de la nouvelle route de la soie, un programme mondial d'infrastructures, la Chine investit massivement dans plus de 150 pays et organisations internationales.
Attirée par le potentiel économique du port syrien de Lattaquié, la Chine aurait signé plusieurs accords, amorçant un partenariat stratégique avec la Syrie.
Cette alliance sino-syrienne, soutenue par la Russie, accentue le fossé avec les positions occidentales, basées sur les sanctions et le soutien aux mouvements d'opposition.
La réussite des efforts de reconstruction chinois en Syrie reste incertaine, compte tenu de l'ampleur des destructions, des sanctions internationales paralysantes et de l'approche prudente de la Chine en matière de risques.
Avec l'aggravation des tensions entre les États-Unis et la Chine, et une politique internationale de plus en plus conflictuelle, les analystes prévoient des réponses stratégiques chinoises face aux pressions croissantes.
La Syrie reste largement isolée sur la scène internationale. L'intensification des tensions internes a culminé en octobre 2024 avec une série de frappes aériennes russo-syriennes.
Israël, de son côté, a lancé des frappes aériennes sur plusieurs sites syriens, y compris des quartiers de Damas, alimentant les craintes d'une extension du conflit régional.
La reconstruction de la Syrie est marquée par des tensions géopolitiques entre ses alliés et les opposants, mais aussi par une crise humanitaire qui ne pourra qu'empirer tant qu'une solution politique ne sera pas trouvée.
Sources : (Peace Research Institute Oslo) (NPR) (BBC) (Al Jazeera) (The New Arab) (International Center for Dialogue Initiatives)
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La géopolitique de la reconstruction de la Syrie : Russie, Iran, Occident et influence
Intérêts, tensions géopolitiques et opportunités économiques
LIFESTYLE Guerre
Il existe une interaction complexe entre les géopolitiques de la Russie, de l'Iran, de la Chine et de l'Occident dans les efforts de reconstruction de la Syrie en pleine guerre civile. Chaque pays avance avec ses propres intérêts stratégiques, influençant le redressement du pays et alimentant des dynamiques régionales et mondiales plus larges. Ces visions concurrentes sur l'avenir de la Syrie offrent des perspectives et des enjeux pour son futur.
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