La route migratoire la plus mortelle n'est pas terrestre : c'est la mer Méditerranée. Les personnes fuyant la violence, la répression ou la misère cherchent à entrer dans l'Union européenne (UE) en parcourant un itinéraire dangereux à travers les 251 229 km² qui s'étendent de la Turquie au Maroc. D'après l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 2 500 personnes ont perdu la vie ou ont disparu en tentant cette traversée en 2023.
Non seulement ces personnes risquent leur vie dans l'espoir d'un avenir meilleur, mais en plus, d'autres obstacles les attendent une fois qu'elles arrivent en Europe. Les politiques promettent de sévir plus sévèrement contre ce qu'ils appellent la "crise des migrants", surtout ceux issus de partis d'extrême droite. Pendant ce temps, les pays de l'UE s'évertuent à trouver un équilibre entre un contrôle aux frontières renforcé et le respect des droits de l'homme et la protection vitale des réfugiés.
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Le nombre de personnes qui risquent leur vie en traversant la Méditerranée est un témoignage de désespoir. Elles savent pertinemment qu'elles risquent de perdre la vie, et que même si elles survivent, elles s'exposent au risque d'être renvoyées chez elles.
Mais la situation dans leur pays d'origine est tellement insoutenable, que ce soit à cause des conflits ou de la misère, qu'elles ne voient aucune autre issue.
Chaque individu a le droit de demander l'asile et que leur demande d'asile soit individuellement évaluée, et ce, en accord avec la Convention relative au statut des réfugiés et la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne. La Convention relative au statut des réfugiés indique explicitement que les réfugiés peuvent être contraints d'entrer irrégulièrement dans un pays d'asile pour y trouver protection.
Si la majorité des migrants arrivent en Europe de façon légale, le continent voit une hausse constante des arrivées irrégulières c'est-à-dire des migrants arrivant de manière illégale.
Les flux migratoires récents sont souvent liés aux conflits armés. En 2015, les principaux motifs de migration étaient les conflits et la persécution en Afghanistan et en Syrie.
En plus des guerres et des conflits, les catastrophes naturelles et les changements climatiques sont également un motif migratoire. Et cela est dû au fait que certaines régions sont devenues invivables et que les territoires de vie originels n'ont plus de ressources à offrir.
Les réfugiés, qui arrivent tout d'abord dans des pays tels que la Turquie, la Tunisie, le Maroc avant de partir en bateau, ont des difficultés à accéder aux biens et services les plus basiques. Leurs droits ne sont pas respectés et ils affrontent des difficultés à se bâtir un avenir meilleur.
De surcroît, ils font face à une discrimination grandissante et à des griefs communautaires, et ce, particulièrement s'ils sont perçus comme des menaces à l'accès aux services et à l'emploi des personnes autochtones qui vivent dans la précarité.
Limiter l'accès à des routes migratoires plus sécuritaires et accroître le contrôle aux frontières n'a pas d'impact sur la mobilité humaine, en effet, de nombreuses personnes sont prêtes à perdre la vie pour avoir une chance d'avoir une vie meilleure.
Cela n'a pour seul effet que de mettre leur vie entre les mains de passeur et de trafiquants d'êtres humains. Ces deux derniers profitent du désespoir des individus, et mettent leur vie en péril en leur faisant emprunter des routes plus longues.
Actuellement, il y a trois voies maritimes principales qui lient l'Europe à l'Afrique et au Moyen-Orient : la route migratoire de la Méditerranée de l'Est, l'Ouest et la centrale.
La route migratoire de l'Est concerne les mouvements en direction de Chypre, des frontières maritimes grecques et vers les frontières terrestres grecques et bulgares avec la Turquie.
Près de 60 000 personnes arrivées par la route de l'Est ont été comptabilisées en 2023.
Les arrivées de navires provenant du Liban, de la Libye et de la Syrie ont été comptabilisées en plus grand nombre. Les Syriens, les Afghans et les Palestiniens (qui ont quitté la Palestine avant le 7 octobre 2023) ont été les personnes comptabilisées en plus grand nombre.
La route migratoire de l'Ouest lie l'Afrique du Nord-Ouest au sud de l'Espagne. Les Marocains et les Algériens sont les groupes migratoires les plus dénombrés.
En 2023, l'usage de puissants hors-bords était très fréquent pour transporter les migrants en transit par la route de l'Ouest.
L'étendue de la mer Méditerranée de l'Afrique du Nord à l'Italie, et Malte également, est une des routes migratoires principales en direction de l'Europe.
L'année 2023 a vu une augmentation des arrivées dans la route de la Méditerranée centrale (largement plus de 50 000 personnes de plus qu'en 2022), avec un total de près de 158 000 personnes.
Les Tunisiens, les Guinéens et les Ivoiriens sont les nationalités principales qui ont emprunté cette route en 2023. La Tunisie est le premier pays en termes de nombre de départs, suivi par la Lybie.
La porte d'entrée en Europe la plus courante et le point le plus au sud de l'Italie, l'île de Lampedusa, qui a gagné le surnom de "porte d'entrée de l'Europe".
Les migrants sont tout d'abord pris en charge par les autorités du centre d'accueil des migrants de Lampedusa. Là, leurs empreintes digitales sont prises, ils sont photographiés, auscultés puis pris en charge médicalement, et enfin, on leur explique les possibilités qui s'offrent à eux.
En raison du flux migratoire élevé de l'île, les établissements mis en place sont constamment bondés, remplis bien au-delà de leur capacité maximale. Pour soulager cette surcharge, des milliers de personnes sont redirigées en Sicile ou en Italie continentale pour poursuivre le processus, même si ces destinations sont connues pour leurs mauvais traitements.
La plupart de ceux qui restent à Lampedusa ont également du mal à satisfaire leurs besoins vitaux, et les migrants doivent souvent arpenter les rues pour trouver de la nourriture, de l'eau et un endroit où dormir.
En avril 2024, l'UE a mis en place une politique migratoire qui vise à régler les manques de ce système. Les pays en première ligne, tels que la Grèce, l'Italie et l'Espagne se plaignent depuis longtemps qu'ils sont défavorisés par les accords de Dublin, qui stipulent que les migrants doivent demander l'asile dans le pays dans lequel ils sont arrivés.
Le nouvel accord stipule dorénavant que les autres pays de l'UE doivent partager cette responsabilité. Il renforce également les procédures de contrôle aux frontières et facilite des expulsions plus rapides.
Néanmoins, l'UE a été critiquée pour ne pas soutenir les initiatives de protection des migrants, notamment les recherches et les missions de sauvetage pour sauver des vies lorsque certaines personnes sont en danger au cours de leur traversée.
L'accent a plutôt été mis sur le soutien des gardes côtes tunisiens et libyens, afin qu'ils puissent intercepter les migrants et les réfugiés tentant d'atteindre les côtes européennes.
En effet, l'UE a passé un accord au sujet de l'immigration avec la Tunisie en 2023. En échange de plus d'1 milliard d'euros (environ 1,1 milliard de dollars américains) de soutien financier, la Tunisie doit faire en sorte d'empêcher les migrants de traverser la Méditerranée pour atteindre l'Europe.
En 2023, la Tunisie a intercepté plus de 75 000 personnes dans leur tentative de rejoindre l'Europe par la mer Méditerranée.
Sur la photo, nous voyons les côtes de Crotone, en Italie, en 2023. Le bateau transportait des personnes en provenance d'Iran, du Pakistan et d'Afghanistan. L'embarcation s'est brisée après être entrée en collision avec les rochers présents dans les eaux agitées, elle a coulé, causant la mort de 59 personnes. Les 81 autres personnes présentes dans l'embarcation ont survécu.
Sources : (DW) (BBC) (Frontex) (Norwegian Refugee Council) (Council on Foreign Relations) (Think Global Health)
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LIFESTYLE Crise des réfugiés
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