Blasphème : est-ce considéré comme un crime ? -

La religion a toujours occupé une place prépondérante dans la plupart des sociétés du monde. Selon l'endroit où l'on se trouve sur la planète, le blasphème peut non seulement être un péché grave, mais également un crime. Vous avez bien compris. Cela signifie que, dans certains pays, des personnes peuvent être poursuivies pour avoir offensé une personne ou un objet considéré comme sacré par une religion.

De nombreux pays ont mis à jour leurs lois laïques, tandis que d'autres ont abrogé les lois sur le blasphème. Toutefois, il existe encore de nombreuses nations dans le monde qui appliquent des lois sur le blasphème et certaines d'entre elles n'hésitent pas à les faire respecter. Dans cette galerie, nous revenons sur le concept de blasphème et sur les pays qui le considèrent encore comme un crime.

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Qu'est-ce que le blasphème ? -

Le blasphème se caractérise par le fait de manquer de respect ou d'offenser une divinité ou une religion. Cela peut se définir par des propos malveillants ou méprisants à l'égard de Dieu ou de toute autre chose considérée comme sacrée.

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Où peut-on retrouver le concept de blasphème ? -

Le blasphème est principalement associé aux religions abrahamiques, à savoir le judaïsme, le christianisme et l'islam. Il convient de revenir sur les racines du blasphème et sur la manière dont il est interprété dans les différents contextes religieux.

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Le christianisme -

Le blasphème est largement évoqué dans la Bible et dans la théologie chrétienne en général. Il s'agit en fait de l'un des dix commandements : "Tu ne prendras point le nom de l'Eternel, ton Dieu, en vain".

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La Bible -

Une autre mention du blasphème figure dans l'Ancien Testament. Plus précisément, dans le Lévitique 24:16, qui se lit comme suit : "Celui qui blasphémera le nom de l'Eternel sera puni de mort : toute l'assemblée le lapidera. Qu'il soit étranger ou indigène, il mourra, pour avoir blasphémé le nom de Dieu".

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La Bible -

Le Nouveau Testament fait également référence au blasphème, mais cette fois contre le Saint-Esprit. Marc 3:29 souligne la gravité de ce péché : "Mais quiconque aura blasphémé contre le Saint-Esprit, n'aura jamais de pardon, mais il sera soumis à une condamnation éternelle".

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C'est un péché -

Le prêtre, philosophe et théologien italien Thomas d'Aquin déclare dans son livre "La Somme théologique" que : "Si nous comparons le meurtre et le blasphème en ce qui concerne les objets de ces péchés, il est clair que le blasphème, qui est un péché commis directement contre Dieu, est plus grave que le meurtre, qui est un péché contre le prochain. D'autre part, si on les compare du point de vue du mal qu'ils causent, le meurtre est le péché le plus grave, car le meurtre fait plus de mal au prochain que le blasphème n'en fait à Dieu".

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C'est un péché -

Le texte de l'Église luthérienne "Le Livre de Concorde" (1580) fait également référence au blasphème, qu'il qualifie de "plus grand péché que l'on puisse commettre extérieurement".

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Le texte calviniste -

L'ouvrage "Le catéchisme de Heidelberg" (1563) affirme "qu'aucun péché n'est plus grand ni ne provoque davantage la colère de Dieu que le fait de blasphémer son nom".

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Les actes de réparation -

L'Église catholique, en particulier, propose des prières et des dévotions pour demander pardon à Dieu si l'on commet le péché de blasphème.

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La prière de la flèche d'or -

La prière de la flèche d'or, introduite en 1844 par la religieuse carmélite déchaussée Marie de Saint-Pierre, est récitée en guise d'acte de réparation. Jésus lui a dit : "Cette flèche d'or blessera délicieusement mon cœur et guérira les blessures infligées par le blasphème".

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La dévotion des premiers samedis -

La dévotion des premiers samedis est une dévotion catholique faite en réparation des péchés de blasphème et d'ingratitude commis contre le cœur immaculé de Marie.

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La punition -

En 1636, les puritains de la colonie de la baie du Massachusetts définissent le blasphème comme "une malédiction de Dieu par l'athéisme ou autre". C'est d'ailleurs un péché passible de la peine de mort.

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L'islam -

Toute action jugée offensante pour Dieu, le prophète Mahomet ou tout autre élément sacré de l'islam est blasphématoire. Le Coran mentionne le blasphème, mais n'en précise pas la sanction.

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L'islam -

Le Coran fait toutefois référence à la manière de traiter les personnes qui utilisent un langage grossier à l'encontre de l'islam : "Quand tu vois ceux qui pataugent dans des discussions à propos de Nos versets, éloigne-toi d'eux jusqu'à ce qu'ils entament une autre discussion. Et si le Diable te fait oublier, alors, dès que tu te rappelles, ne reste pas avec les injustes". (6:69).

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L'islam -

Pour sa part, la charia prévoit un certain nombre de peines sanctionnant le blasphème, dont la sévérité varie selon les cas. Aujourd'hui, les pays musulmans traitent le blasphème de différentes manières.

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Le judaïsme -

Le blasphème est sévèrement puni par le judaïsme, en particulier pour ceux qui blasphèment le Tétragramme (Dieu).

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Le judaïsme -

Les lois morales juives connues sous le nom des Sept Lois de Noé font également référence au blasphème.

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Les religions dharmiques -

À l'exception du sikhisme, les religions indiennes telles que l'hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme ne connaissent pas le concept de blasphème.

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Un crime -

Le blasphème peut être à la fois un délit d'expression et un délit religieux, et si de nombreux pays ont abrogé les lois sur le blasphème, d'autres les appliquent toujours.

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Une zone grise -

Bien entendu, ces lois comportent de nombreuses variations et nuances. Certaines de ces lois ont été adoptées (et sont toujours appliquées) pour protéger la principale religion du pays (ou la religion d'État, lorsqu'il y en a une) et le statu quo en général.

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Une zone grise -

D'autres lois sont appliquées pour protéger la liberté de religion. En effet, certaines de ces lois visent à protéger les citoyens contre l'opposition, la diffamation ou la calomnie des pratiques religieuses, la profanation des lieux et objets sacrés, ou encore les discours de haine.

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La common law anglaise -

Dans la common law anglaise, le blasphème pouvait être puni d'une amende, d'une peine d'emprisonnement ou d'un châtiment corporel. En réalité, le blasphème et la diffamation blasphématoire n'ont été abolis en Angleterre et au Pays de Galles qu'en 2008, et seulement en 2021 en Écosse.

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Ils ont aboli les lois sur le blasphème -

Les pays qui ont aboli les lois sur le blasphème sont l'Australie (1995, bien que certains États et territoires les appliquent encore), le Canada (2018), le Danemark (2017) et la France (1881, à l'exception de la loi sur le blasphème en Alsace-Moselle, qui n'a été officiellement abrogée qu'en 2016).

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Ils ont aboli les lois sur le blasphème -

Parmi les autres pays qui ont aboli les lois sur le blasphème, figurent la Grèce (2019), l'Islande (2015), l'Irlande (2020), Malte (2016), les Pays-Bas (2014), la Nouvelle-Zélande (2019) et la Norvège (2015).

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Ils ont aboli les lois sur le blasphème -

La Suède a aboli la loi sur le blasphème en 1970, mais une loi sur la "paix de la foi" protège les croyants de toutes les confessions. Les États-Unis n'ont jamais eu de loi de ce type, à l'exception de celles qui existaient dans les colonies. Cela constituerait une violation du premier amendement de la Constitution des États-Unis.

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Une loi toujours appliquée dans les pays majoritairement chrétiens -

Contrairement à d'autres régions du Royaume-Uni, la diffamation blasphématoire est toujours un délit en vertu du droit commun de l'Irlande du Nord. Les autres pays où le blasphème est encore puni par la loi sont l'Autriche, le Brésil, le Salvador, la Finlande, l'Allemagne, l'Italie, le Nigeria, le Portugal (bien que ce pays n'en ait pas en tant que tel, il dispose d'une loi qui protège les "sentiments religieux") et les Philippines.

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Une loi toujours appliquée dans les pays majoritairement chrétiens -

Des lois sur le blasphème sont encore en vigueur en Pologne, en Russie, en Afrique du Sud, en Espagne (bien que la loi initiale sur le blasphème ait été abrogée en 1988, les dispositions de l'article 525 du code pénal espagnol tiennent toujours compte des croyances religieuses), en Suisse et en Tanzanie.

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Les pays musulmans et le blasphème aujourd'hui -

La grande majorité des pays musulmans appliquent des lois réprimant le blasphème. C'est le cas de l'Afghanistan, de l'Algérie, du Bahreïn, de l'Égypte, de l'Indonésie, de l'Iran et de la Jordanie.

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Les pays musulmans et le blasphème aujourd'hui -

Sont également concernés le Koweït, le Liban, la Malaisie, les Maldives, le Maroc, Oman, le Pakistan, le Qatar, l'Arabie saoudite, la Somalie, le Soudan, la Turquie et les Émirats arabes unis, ainsi que le territoire du Sahara occidental.

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Les lois sur le blasphème ailleurs dans le monde -

La section 295A du Code pénal indien est essentiellement une loi sur le blasphème. Le Myanmar, le Népal et la Thaïlande sanctionnent également des personnes accusées de blasphème.

Sources : (Ecclesiastical History Society) (Harvard Law Review) (Ahmadiyya Muslim Community) (My Jewish Learning) (Liverpool University Press) 

Voir aussi : Religion : les mystères des stigmates enfin dévoilés ?

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