Ces lois sont les piliers de l'avenir
L'industrie de l'armement dépend d'une main d'œuvre à bas coût, dont les conditions de travail sont catastrophiques, de sorte à générer le plus de profit possible. Les inégalités systémiques et les abus abreuvent le succès de l'industrie de l'armement, secteur qui ne connaît pas la crise. Mais du drame trop ignoré qui se joue derrière la fabrication d'armes découle la mort d'un grand nombre de personnes et se fait au prix du bien-être des travailleurs exploités. La transparence, la responsabilité et les réformes éthiques sont nécessaires de toute urgence afin de protéger les travailleurs du secteur.
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L'industrie de l'armement fait partie des rares à constamment croître et à générer des profits toujours plus grands. Mais à quel prix ? En plus des problèmes éthiques entourant la distribution et la circulation d'armes, les travailleurs de l'industrie de l'armement subissent le fait de produire des armes pour l'un des marchés les plus lucratifs au monde.
Les conditions de travail des personnes travaillant dans l'industrie de l'armement peuvent s'avérer dangereuses et très exigeantes. Cependant, bien souvent, les travailleurs gagnent des salaires bien inférieurs au coût de la vie.
Les larges chaînes d'approvisionnement s'étendent sur plusieurs continents pour répondre à la forte demande en équipements militaires.
Tandis que la plupart des entreprises de défense telles que Lockheed Martin, Airbus SE et Dassault Aviation se situent dans des nations riches comme lest États-Unis, le Royaume-Uni et la France respectivement. La production est largement délocalisée vers des régions dans lesquelles le coût de la main d'œuvre est bas, la surveillance de la production très succincte et les régulations minimes, si tant est qu'il y en ait.
Les entreprises principales de la défense, largement situés aux États-Unis et en Europe, jouent un rôle majeur dans les mauvaises conditions de travail dans la mesure où ces entreprises dépendent des chaînes logistiques qui sous-traitent à des régions ou la force de travail est peu chère et les régulations moins strictes.
Les pays d'Asie du Sud-Est, en particulier la Thaïlande et les Philippines, jouent un rôle clef dans la fabrication de composants d'équipements militaires, notamment des pièces métalliques, des munitions et des appareils électroniques, exportés vers les États-Unis et l'Europe. Les bas salaires et l'absence de syndicats dans le secteur laissent les travailleurs avec peu de protections.
Des pays comme l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont de plus en plus recours à la main-d'œuvre importée pour soutenir leurs capacités croissantes de production militaire, s'appuyant souvent sur la main-d'œuvre migrante venant d'Asie du Sud et d'Afrique.
Les chaînes de production des systèmes d'armement, tels que les véhicules blindés et les drones, se sont rapidement développées en Arabie saoudite. Cependant, une grande partie des travailleurs dans ces usines sont des migrants qui travaillent sous le système de la kafala : c'est-à-dire que leur statut de résident est lié à leur employeur.
Sur la photo, un travailleur migrant qui a fui son lieu de travail en Arabie saoudite et s'est caché.
Dans de nombreux secteurs, les travailleurs migrants font souvent face à des conditions de travail moins bonnes que leurs homologues locaux, avec un accès limité, voire inexistant, aux ressources juridiques.
De même, aux Émirats arabes unis (EAU), des travailleurs migrants, principalement originaires d'Asie du Sud, produisent des pièces d'armes destinées à l'exportation. Ces travailleurs doivent faire face à des conditions de travail difficiles et à des permis de travail précaires, les laissant à la merci des décisions de leurs employeurs.
À l'Ouest, l'Europe de l'Est est devenue la plaque tournante de la fabrication d'armes. Des pays comme la Bulgarie, la Roumanie et la Pologne produisent des pièces de matériel militaire principalement vendues aux pays de l'OTAN.
En Bulgarie, l'industrie de l'armement est une part essentielle de l'économie nationale. Toutefois, les conditions de travail abusives, l'absence de réglementation et les bas salaires exposent les travailleurs à de graves risques et vulnérabilités.
La Pologne est un site de production pour des entreprises telles que Lockheed Martin. Attirés par une législation du travail peu contraignante, les travailleurs n'ont que peu, voire aucune protection, ce qui favorise l'exploitation et augmente les risques pour leur santé.
Si les pays africains ne sont pas les principaux producteurs d'armes, certains d'entre eux sont la première source d'extraction de matières premières essentielles au commerce mondial des armes.
Les procédés d'extraction sont une forme majeure d'exploitation de la main d'œuvre, mais est également mauvais pour l'environnement.
Il y a des minéraux et des ressources essentielles à la production des systèmes d'armements, tels que le cobalt et l'or.
Près de 60 % du cobalt mondial vient de la République démocratique du Congo (RDC). Il est utilisé pour la fabrication de batterie pour les technologies aérospatiales. Également surnommé "le diamant de sang", la plupart des profits provenant du cobalt sont liés à des groupes armés.
Les mines de cobalt sont majoritairement de petites opérations qui sont risquées et très peu payées. Les enfants sont souvent réquisitionnés.
Le Ghana, autrefois appelé Côte d'or, est le premier producteur d'or d'Afrique, avec plus de 40 % de ses recettes d'exportation provenant de ce métal. L'or est un élément clef dans la production d'électronique pour un certain nombre de systèmes d'armement.
Bien que l'exploitation aurifère domine dans des pays comme le Ghana et le Mali, la majorité des mines n'appliquent pas de normes de sécurité et les conditions de travail y sont très difficiles, exposant les travailleurs, dont beaucoup sont des enfants, à des risques sanitaires graves.
L'exploitation de la main-d'œuvre dans l'industrie de l'armement reflète celle d'autres secteurs où les profits élevés sont privilégiés au détriment de la protection éthique des travailleurs.
L'industrie de l'armement comporte un élément supplémentaire qui complique encore les discussions sur les droits des travailleurs : les produits fabriqués sont utilisés pour alimenter les conflits dans le monde entier.
Les ouvriers, notamment ceux travaillant dans des régions où il existe peu ou pas de syndicats ou d'autres formes de représentation pour défendre leurs droits, subissent souvent des préjudices invisibles dans une industrie qui profite de la violence.
Comme le demandent des appels mondiaux pour renforcer la protection des travailleurs dans tous les secteurs, la chaîne d'approvisionnement de la production d'armes doit aussi veiller à ce que les travailleurs reçoivent une rémunération adéquate, travaillent dans des environnements sûrs et aient accès aux ressources nécessaires pour défendre leurs intérêts.
En général, la transparence du commerce mondial d'arme est un problème majeur dans le contexte de conflits mondiaux et de la vente illégale d'armes.
Comme toutes les autres grosses entreprises, les entreprises de défense devraient avoir l'obligation de révéler leur chaîne logistique et faire l'état de toutes leurs activités, et notamment les conditions de travail.
Les gouvernements qui achètent des armes sont directement responsables du fait d'assurer s'ils sont complices d'exploitation, que ce soit directement ou contractuellement.
L'industrie de l'armement enregistre des profits records, bien au-delà de ses projections les plus optimistes. Selon Vertical Research Partners, les 15 principaux fournisseurs de défense devraient dégager un flux de trésorerie disponible de 49,6 milliards d'euros (52 milliards de dollars) d'ici à 2026.
En dépit des moyens lucratifs de l'industrie de l'armement, le secteur repose sur le manque de réglementation des conditions de travail au sein de la chaîne logistique pour dégager toujours plus de profit.
Ces conditions peuvent générer des conditions de travail traumatiques pour les travailleurs et un manque de résilience du secteur.
Sources : (IPIS) (DHS) (Financial Times) (The Independent) (Amnesty International) (CHRB) (ILO) (UNODA)
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