Les drag queens telles que nous les connaissons aujourd'hui, indomptables, extravagantes et créatives, mêlent habilement l'art de la fête aux revendications qu'elles portent. Bien qu'elles tirent leurs origines des planches de théâtre, les drag queens ont traversé les siècles ; des siècles marqués par des moments pivots tels que les bals de la Renaissance de Harlem à la popularisation de certaines icônes contemporaines.
Si vous voulez en savoir plus sur le monde fantastique des drag queens, parcourez cette galerie. Vous découvrirez l'art et la satire sociale qui se cache derrière les drag queens, elles qui n'ont eu de cesse de poser la question du genre et de peaufiner toujours plus les prestations scéniques.
Les origines des performances scéniques visant à la caricature de genre ou à défier les stéréotypes remontent à la Grèce antique. À cette époque, les femmes étaient considérées comme inaptes à monter sur scène, les rôles féminins étaient alors joués par des hommes.
Les incarnations féminines faisaient également partie du théâtre de kabuki japonais au 17ᵉ siècle. Les hommes adolescents jouaient généralement les rôles féminins.
En Angleterre, au cours de l'ère élisabéthaine (1558-1603), les femmes n'avaient que peu de liberté, et avaient interdiction de participer à toute activité professionnelle, et notamment de faire du théâtre. Les hommes adolescents jouaient les rôles féminins. Shakespeare s'en est même servie comme d'un rebondissement final dans sa pièce "La Nuit des rois".
Certains historiens affirment que l'existence des drag queens remonte en réalité aux années 1860, lorsque Ernest Boulton, un des membres du duo "Boulton and Park", a défini le fait qu'il s'habillait en femme comme étant du "drag". L'expression serait tirée des jupons traînants (ou "dragging" en anglais) au sol durant leurs spectacles.
Il est supposé que la première drag queen serait la Princesse Seraphina, aussi connue sous le nom de John Cooper, un domestique masculin qui a vécu au 18ᵉ siècle. Princesse Seraphina faisait partie du quotidien de John, c'était bien plus qu'un rôle, elle fréquentait régulièrement les "molly houses" (équivalent des bars gays).
Aux États-Unis, William Dorsey Swann, né esclave dans les années 1800, est supposé être la première "queen of drag" autoproclamée. William Dorsey Swann organisait des bals au cours desquels d'autres hommes (souvent également d'anciens esclaves) se réunissaient pour danser en étant habillés avec des robes de soie ou de satin.
Le théâtre de vaudeville est un divertissement qui allie pantomimes, dialogues, danses et chants. Dans les années 1880, Julian Eltinge est rapidement devenu célèbre pour ses interprétations féminines. Il était si convaincant que le public n'en croyait pas ses yeux lorsqu'il enlevait sa perruque sur scène à la fin du spectacle.
En 1917, Julian Eltinge a joué dans son premier film, "The Countess Charming", dans lequel il incarne une comtesse russe, ce qui marque la première apparition d'une drag queen sur grand écran.
Incarner une femme lorsque l'on était de genre masculin était extrêmement populaire au début du 20ᵉ siècle. Cependant, à cause des lois passées et des préjugés négatifs qui entouraient l'homosexualité, les spectacles de drag queen sont devenus de plus en plus marginaux.
Les émeutes de Stonewall en juin 1969 sont une série de manifestations pour lutter contre les violences policières au Stonewall Inn à New York City. Ces émeutes sont considérées comme étant le point de départ du mouvement de lutte pour les droits des personnes LGBTQ+ aux États-Unis.
Marsha P. Johnson, Zazu Nova, et Stormé DeLarverie étaient au front pendant les manifestations. Marsha P. Johnson adorait se représenter sur scène et faisait partie d'un groupe de drag queens appelé les "H0t Peaches".
Interdites ou empêchées de gagner les concours de drag queen organisés pour les blancs, les interprètes noirs et latinos ont commencé à organiser leurs propres concours.
Les bals ("balls") se sont multipliés à New York City dans les années 70 et 80. Il s'agissait de compétitions où les drag queens, classées dans diverses catégories, s'affrontaient devant un jury. Les tracts de participation à ces bals présentaient les différentes catégories. Ces catégories pouvaient inclure la capacité des participants à se fondre dans la norme des femmes cis hétérosexuelles ("FQ realness"), ou des défilés, ou la capacité à marcher comme un top model était jugée.
Le "voguing" est une catégorie dans laquelle les participants défilent et prennent la pose. Cette catégorie était un élément central de la scène Harlem Ballroom. Le voguing est devenu un style de danse composé de mouvements théâtraux et exagérés, de poses complexes et de mouvements de pieds dynamiques.
Les maisons faisaient office de familles alternatives, offrant sécurité et hospitalité, en particulier pour les personnes LGBTQ+ noires et latinos qui étaient reniées par leur famille en raison de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle.
Les maisons étaient dirigées par des "mères" et des "pères", qui étaient généralement d'anciens membres des scènes Ballroom. Ces mentors venaient montrer aux "enfants" de la maison comment travailler sur scène et leur apporter du soutien.
L'argot anglais moderne a repris beaucoup de termes originellement issus des bals. Il y a, par exemple, "yas" (un oui emphatique), "shade" (détourner un compliment pour camoufler une critique) et "working" (être en admiration devant quelqu'un).
Beaucoup de drag queens ont pris à cœur leur rôle, cela dépassait largement le registre du divertissement pour elles. Pendant la crise du SIDA en Louisiane, par exemple, les drag queens sont devenues un pilier dans la lutte contre l'épidémie qui faisait rage. Les drag queens lançaient des campagnes de levées de fonds, organisaient des spectacles pour recueillir de l'argent et sensibilisaient la communauté au VIH/SIDA.
La culture des bals et le voguing ont largement inspiré Madonna pour sa chanson "Vogue". La maison Xtravaganza et la maison LaBeija sont d'ailleurs présentes dans le clip.
Divine a incarné Edna Tumblad dans la version originale d'"Hairspray" (1988) et est apparue dans de nombreux films de John Walters.
Au début des annees 90, RuPaul était sur le point de devenir une star internationale en ayant, en plus d'incarner son alias drag queen, une carrière dans la chanson avec notamment un duo avec Elton John.
La scène Club Kid a vu le jour à la naissance des scènes Ballroom des années 80, avec à sa tête James ST. James. Ce mouvement se caractérisait par des tenues extravagantes et non conformes au genre. RuPaul et Amanda Lepore faisaient partie de ce mouvement.
Pour faire du drag, il faut maîtriser tout un panel de compétences. Monter sur scène nécessite des talents en comédie, en dramaturgie et d'être capable de faire une satire de la société tout en repoussant les limites du genre et en le questionnant toujours plus.
Les drag queens n'ont jamais cessé, et ne cesseront jamais, de toujours plus approfondir la connaissance qu'elles ont d'elles-mêmes en incarnant divers personnages. Elles explorent toujours plus les manières d'appréhender la question de l'identité de genre dans un cadre sûr et bienveillant.
En 2009 a été diffusée la première émission de "RuPaul's Drag Race". L'émission mêle création de costumes, défis, sketchs et incarnations de personnage. L'émission a su attirer un large public diversifié. Le succès de ce programme a ouvert la voie à une nouvelle génération de drag queens.
Les choix de maquillage audacieux, les silhouettes exagérées et les accessoires tape-à-l'œil des drag queens d'aujourd'hui ne font pas que promouvoir la célébration du soi. Ces éléments influencent également le monde de la mode et la pop culture.
Le drag est un phénomène mondial, les communautés se développent d'un bout à l'autre du globe. Des féroces interprètes thaïlandais aux interprètes glamour des États-Unis, le drag a parcouru un incroyable voyage et peut maintenant se targuer d'unir les cultures, les genres et les identités.
Sources : (BBC) (LSU) (National Geographic) (LGBTQ and All)
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La fabuleuse histoire des drag queens
De la première drag queen à la "culture ball"
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Les drag queens telles que nous les connaissons aujourd'hui, indomptables, extravagantes et créatives, mêlent habilement l'art de la fête aux revendications qu'elles portent. Bien qu'elles tirent leurs origines des planches de théâtre, les drag queens ont traversé les siècles ; des siècles marqués par des moments pivots tels que les bals de la Renaissance de Harlem à la popularisation de certaines icônes contemporaines.
Si vous voulez en savoir plus sur le monde fantastique des drag queens, parcourez cette galerie. Vous découvrirez l'art et la satire sociale qui se cache derrière les drag queens, elles qui n'ont eu de cesse de poser la question du genre et de peaufiner toujours plus les prestations scéniques.